Faut-il arrêter les systèmes déclaratifs d’impact environnementaux, sociaux et territoriaux ?

Les calculateurs carbone classiques tels qu’ils existent aujourd’hui sont, dans la plus grande majorité des cas, des systèmes déclaratifs¹. Ils sont ainsi, par leur nature, sujets à des risques d’erreurs, “d’embellissement de la réalité”, ou simplement d’inexactitudes par manque de temps des équipes qui les remplissent. Ne faudrait-il donc pas réfléchir à un système automatisé, moins chronophage et plus exact ?

C’est la question que se posent, en France, Maxime Faget (Fairly), Gwendolenn Sharp (The Green Room) et leurs partenaires à travers le projet “IMPACT(S) by BMA” : une méthode concertée d’évaluation des impacts environnementaux, sociaux et territoriaux, spécifiquement adaptée au secteur de la musique pour améliorer ses pratiques.

Le projet est né, en premier lieu, du constat des faibles paradigmes de changement du secteur musical face aux enjeux environnementaux, sociaux et territoriaux actuellement en place malgré une abondance de chartes et labels et en second lieu de l’identification de trois obstacles majeurs :

  1. L’absence d’une grille d’analyse d’impacts commune au secteur musical et prenant en compte les spécificités de ce dernier.
  2. Le manque d’outils abordables pour évaluer, comparer et certifier les pratiques.
  3. L’absence d’outils de communication (labels et/ou indicateurs) clairs et identifiables par le public.

En réponse à ce constat, l’objectif défini par le projet est de pouvoir intégrer le calcul d’impacts dans les outils de gestion déjà utilisés par les équipes et/ou de créer un nouvel outil complémentaire à ceux déjà en place pour faire gagner du temps aux professionnel.elle.s du secteur. Il s’agit ainsi d’automatiser la récupération de données tangibles au fur et à mesure de leur intégration aux outils de gestion pour donner un score final à la structure, salle de concert ou festival par exemple. L’idée est véritablement de pouvoir attribuer ce qui ressemble à un Nutriscore en matière d’impacts environnementaux, sociaux et territoriaux dans le secteur musical français. 

Afin de pouvoir développer l’outil le plus juste possible, il a été décidé d’appliquer une méthodologie de la concertation avec les acteur.rice.s du secteur musical français². En commençant par établir un état des lieux des démarches d’évaluation existantes pour le secteur musical à l’échelle régionale et nationale.

Et le projet peut bénéficier de l’expérience acquise par Maxime et son équipe en développant Fairly : un outil qui permet aux organisateur.trice.s de festival ou responsables de salles de communiquer de manière transparente et ludique la façon dont l’argent des festivalier.lière.s est dépensé tout en les conscientisant et les impliquant. 

Lors de la première journée des Rencontres ARVIVA à Marseille, nous avons ainsi pu participer à un workshop pour identifier les différentes variables (linéaires ou non³) sur base de leur type d’impact (social, territorial et environnemental) et les classer selon un ordre d’importance afin de mettre en évidence les points les plus urgents et prioritaires pour le développement du projet IMPACT(S).

Parmi les variables on peut citer à titre indicatif l’alimentation (impact environnemental), la mobilité (impact environnemental), l’énergie (impact environnemental), les retombées économiques sur le territoire (impact territorial), la protection du patrimoine (impact territorial), l’égalité des genres (impact social), la transparence (impact social) ou encore la diversité (impact social). 

Toutes les concertations, réalisées dans les différentes régions françaises, feront l’objet de comptes-rendus. Eux-mêmes suivis de la méthodologie, d’un tableau de l’ensemble des variables et d’une explication claire, mais surtout d’une étude de faisabilité afin de déterminer s’il est possible d’automatiser le calcul d’impacts et de l’intégrer à différents outils de gestion.

Un projet fort ambitieux et prometteur que nous ne manquerons pas de suivre en parallèle du calculateur développé par ARVIVA qui devrait, quant à lui, nous parvenir au début du mois de janvier.

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¹ On entend par système déclaratif le fait que les données et chiffres d’impacts soient remplis manuellement (via formulaire ou tableaux excel par exemple) par les structures/organisations émettrices.
² Un panel d’acteur.rice.s : une représentativité des différentes typologies et des acteur.trice.s du secteur musical (salles et festivals) dans leur diversité.
³ Les variables linéaires étant celles sur lesquelles la structure peut avoir une influence directe. Par exemple, le fait de programmer des artistes locaux plutôt que internationaux lors de son festival. Les variables non linéaires étant, à l’inverse, celles sur lesquelles il est difficile pour la structure d’avoir une influence directe. Par exemple l’origine de l’électricité produite (verte ou non) en fonction de la localisation de son événement.