Du 27 mai au 14 juin 2023, les musiciens, Manu Louis et Sylvain Chauveau, réinventent le modèle de la tournée musicale en parcourant la Belgique à vélo. Intitulé Zéro Carbon Record, ce projet s’ancre dans le contexte de l’urgence écologique. Neuf concerts constellent leur trajet à vélo en complète autonomie. Le 27 mai 2023, jour J du départ de la tournée, ils se livrent à nous …
Des questionnements en prise avec la situation écologique actuelle
Représentations aux quatre coins du monde, voyages express des artistes en avion, surenchère des productions de spectacles, marketing permanent, scénographies ultra-consommatrices d’énergie, impact d’un numérique grandissant, l’industrie musicale se retrouve en proie à de nouveaux questionnements dans un contexte de crise écologique. Pendant longtemps pris dans la frénésie des tournées internationales, Manu Louis et Sylvain Chauveau ont un déclic pendant le confinement. Comme de nombreuses personnes, ils se réjouissent des bonnes nouvelles découlant d’une activité humaine plus raisonnable.
“J’ai eu un nouveau déclic, de la gravité du problème écologique et j’ai commencé à réfléchir sur ce que collectivement on était en train de faire. Je me suis aperçu qu’en tant d’artiste, on était complètement dépendant, à toutes les étapes, des hydrocarbures. Je me suis rendu compte que cette façon de faire de la musique n’est plus viable. Au bout d’un moment, la question s’est posée avec Manu : sommes-nous condamnés à ça ? Y’a-t-il une porte de sortie ? ” nous partage Sylvain Chauveau.
Au lendemain du confinement, ils décident de faire les choses autrement et de se lancer le défi : une tournée sans électricité, sans essence et sans émission de carbone.
La guitare sur le porte-bagages
Nait alors l’idée du Zéro Carbon Records, il s’agit d’une part d’envisager des tournées sans électricité et d’autre part de ne faire aucune production de disques ou de diffusion en ligne. Du 27 mai au 14 juin 2023, les artistes se lancent dans une tournée pilote. C’est aux côtés de leurs vélos chargés de leur matériel de tournée que les artistes expliquent leur démarche :
“Notre conviction à tous les deux, c‘est que l’industrie musicale telle qu’elle est aujourd’hui va s’arrêter, soit par épuisement des ressources en métaux et en énergie qui la font tourner, soit parce qu’il y aura une prise de conscience du problème climatique de plus en plus aiguë et qu’on va décider de freiner sur les usages. Dans tous les cas, ça ne pourra plus continuer. Quand est-ce qu’on commence à se préparer à cela ? Nous, d’une certaine manière, on veut dire : commençons à se préparer à ça.”
Ce choix constitue une nouvelle façon de se redécouvrir et de réinventer leur musique, en rien une limite. Manu Louis affirme que “c’est aussi le charme de se restreindre”, Sylvain ajoute que “c’est jouer le jeu de se réinventer”. Les musiciens partagent la scène en concert acoustique, l’occasion de créer un nouveau répertoire musical, sans amplification sonore ni lumière. Cela constitue un défi de taille pour ces adeptes de musique électronique. Deux guitares sèches, un harmonium, un mini banjo, quelques instruments de percussions, une valise de vêtements se trouvent dans la remorque à l’arrière d’un des vélos.
Manu Louis à gauche, Sylvain Chauveau, à droite, le jour de leur départ le 27 mai 2023 à Bruxelles.
La première exigence de ce modèle de tournée consiste à faire des concerts en jauge réduite. Les trajets à vélo impliquent également des distances moins grandes entre chaque lieu de représentation, l’occasion de faire des concerts dans des lieux parfois éloignés des programmations éclectiques des grandes villes. Les artistes parcourent entre 30 et 60 kilomètres par jour, leur tournée se compose de neuf étapes :
Cette volonté zéro carbone ne se fait pas sans mal et les artistes ont conscience des limites de leurs ambitions, Manu affirme “Zéro carbone, c’est presque un idéal qu’on entrave constamment”. La communication sur les réseaux sociaux, la création d’un site, l’après-concert constituent autant de freins à une tournée 100% décarbonée et les artistes ne se revendiquent pas comme parfaits non plus. Cette tournée pilote constitue un défi tant technique que physique, Sylvain Chauveau ironise : “nous sommes comme des footballeurs qu’on envoie sur la lune”, insistant sur le challenge que constitue cette première.
Une volonté de ré-imaginer l’industrie musicale
Cette tournée s’ancre plus largement dans une façon de réinventer notre rapport à la musique dans une perspective écologique. Le Zéro Carbon Records s’érige en label, en imaginant de nouveaux discours et en se servant de nouveaux outils, ce label certifie une tournée décarbonée de la part des artistes qui en font parti.
En dehors des tournées à vélo, c’est également à la production musicale que les artistes souhaitent s’attaquer, “faire des disques sans pétrole” affirment-ils. L’idée est de ne plus avoir de production matérielle ni de diffusion numérique, toujours dans une perspective écologique. En ne faisant que de la musique live, Manu et Sylvain souhaitent revenir à une industrie musicale soucieuse de l’environnement et plus proche du public.
Les musiciens portent avec ambition ce projet qui se veut pérenne. L’idée de tournées à vélo et d’une musique décarbonée plaît également à d’autres artistes, conscients de l’urgence climatique. Une tournée labellisée Zéro Carbon Records est prévue pour mars 2024 avec l’artiste percussionniste Julian Sartorius. Beaucoup d’idées sont également en marche : partager des partitions afin de permettre la circulation de la musique sans pour autant que l’artiste ne se déplace, utiliser des vélos couchés pour de plus longues distances, jouer avec des artistes locaux ou encore partager les instruments de musique. Beaucoup d’idées qui donnent espoir quant à la résilience de l’industrie musicale …
C’est aux côtés de la Ministre de la Jeunesse, Valérie Glatigny, que posaient fièrement les jeunes organisateurs du GreenFeel Festival le 9 mars dernier à Bruxelles. Récompensés pour leur engagement dans l’organisation du Festival écoresponsable de Fontaine-l’Evêque, ils ont été sélectionnés comme coup de cœur parmi 39 participants par le Service Jeunesse et le Forum des Jeunes, dans le cadre de l’Année européenne de la Jeunesse.
La Ministre Valérie Glatigny (au centre) entourée des organisateurs du GreenFeel Festival
Cette soirée, qui a eu lieu au Grand Hospice à Bruxelles, était un moment pour mettre en lumière les initiatives et l’engagement associatif de la jeune génération. Lors de cette rencontre, les jeunes ont pu assister à un spectacle organisé par le Bureau International Jeunesse (BIJ) de la compagnie VIVANTS!
Le Greenfeel Festival a été récompensé d’un subside de 3000 euros afin de reconduire une nouvelle édition en septembre 2023 ! La valorisation de ce projet souligne l’attention portée sur ces initiatives qui forgeront le monde culturel de demain.
Ce prix récompense plusieurs mois de dur labeur et couronne une première expérience engagée dans le monde de la culture :
“Forcément on était surpris de voir que notre initiative a été récompensée à cette échelle ! Ça fait plaisir et ça encourage !” – Jeune organisateur
Un Festival durable qui souligne que la jeunesse a son mot à dire
Ce festival, engagé et porté par de jeunes organisateurs de la Maison des Jeunes Case Départ, s’est démarqué par son identité écocitoyenne et s’est concrétisée par des actions sur le terrain, véritable laboratoire des festivals de demain.
Ce Festival a eu lieu le 17 septembre 2022 à Fontaine-L’Évèque. Il a été entièrement organisé par un groupe de jeunes avec l’appui de Livia, coordinatrice et animatrice de la MJ. Elle souligne :
“Ce festival est novateur en ce sens qu’il est fait pour les jeunes et par les jeunes !”
L’écologie est au cœur de l’identité du Greenfeel Festival, preuve d’un engagement de la part des jeunes organisateurs. Plusieurs initiatives durables ont été mises en place. L’utilisation de jetons en fécule de pomme de terre biodégradable a permis non seulement de réduire l’impact environnemental de l’événement mais aussi de sensibiliser le public à la valorisation d’échanges locaux. La présence de toilettes sèches a évité la consommation d’eau, une option végétarienne a été proposée afin de réduire l’impact carbone de l’alimentation, les déchets ont été réduits grâce à l’utilisation de gobelets réutilisables mais aussi via le remploi de matériaux pour la scénographie et la décoration du site. L’unique goodies du festival était une carte postale à planter avec le logo du festival et les T-shirts de l’équipe bénévole ont été sérigraphiés en amont pour réduire l’empreinte carbone, les festivaliers pouvaient également repartir chez eux avec un T-shirt estampillé aux couleurs du Festival, produit avec la même technique. Enfin, les acteurs locaux étaient impliqués dans la programmation : apiculteur, productrice de fruits et jus locaux, grainothèque, sans parler de la line-up musicale qui laissait place aux jeunes talents et découvertes.
“Ça faisait sens avec l’actualité environnementale, c’était aussi logique de travailler avec des gens du coin et puis ça rassemblait des gens autour d’un projet commun qui faisait sens !”
Et cela a visiblement porté ses fruits comme le témoigne un des jeunes organisateurs : “On a adoré que ça plaise à autant de monde, on était surpris mais super contents” – un jeune bénévole.
Cette organisation de neuf mois a été récompensée par une belle première édition le 17 septembre 2022, certes pluvieuse mais tout de même très joyeuse ! Les jeunes organisateurs ont pu profiter de leur travail en savourant une programmation variée (concerts de rap, acoustique, stand do-it-yourself, friperie…) aux côtés de leurs proches et des habitants du village !
“J’ai adoré rencontrer les artistes du groupe Les Krackheads, c’était cool aussi de pouvoir passer en coulisse et voir ce qu’il se passe derrière !” – un jeune bénévole
Cet événement a été accompagné par EventChange concernant les ambitions durables et écoresponsables. Cette première expérience couronnée par ce prix promet une belle édition du Greenfeel Festival en septembre 2023 !
“Oui, on est très motivés pour une seconde édition, toujours dans le thème de l’écologie !”
Si la question de l’usage de gobelets réemployables lors d’événements ou de festivals est (presque¹) acquise partout en Belgique, il en va autrement concernant la vaisselle à proprement parler. Ce qui peut sembler être un poste logistique simple à aborder de prime abord se révèle plus compliqué qu’il n’y paraît à mettre en place. À travers cette petite marche à suivre nous allons voir comment intégrer assiettes et bols réemployables à votre événement.
Les types de vaisselle : à boire et à manger
Avant d’aborder la question de la vaisselle réemployable, il est intéressant de faire le point sur les différentes options qui existent et les avantages et inconvénients qui en découlent.
La vaisselle à usage unique
La vaisselle comestible est une piste intéressante qui permet d’éviter tous déchets supplémentaires mais qui peut s’avérer coûteuse et dont il faut bien vérifier la provenance.
La vaisselle dite “biodégradable” peut s’avérer intéressante mais il faut bien vérifier de quoi il s’agit réellement (attention au greenwashing et au cycle de fin de vie du matériau).
La vaisselle compostable est une bonne solution si elle est réellement compostée. Cela nécessite donc de vérifier le cycle de fin de vie des contenants en question.²
La vaisselle recyclable n’est intéressante que si elle est effectivement recyclée et donc valorisée sur le territoire de votre événement.
La vaisselle jetable est à éviter le plus possible. Bien que les plastiques à usages uniques soient désormais interdits, il faut absolument éviter de créer des déchets supplémentaires.
Si certaines solutions de vaisselle à usage unique peuvent sembler intéressantes, n’oublions pas que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Il est donc plus pertinent d’un point de vue environnemental de privilégier la pérennité des matériaux et donc de s’orienter vers des solutions de vaisselle lavable et réemployable comme décrites ci-dessous.
La vaisselle réemployable
La vaisselle lavable (en dur) est la solution la plus écologique et la plus durable mais demande évidemment de s’intéresser à la difficile question logistique du stockage et du lavage (cfr plus bas).
La vaisselle lavable en plastique dur (Polypropylène : le même matériau que pour les gobelets réemployables) est aussi une solution intéressante car réemployable d’événement en événement mais demande aussi une certaine logistique et la mise en place de systèmes de caution.
La mise en place
Si les avancées en la matière se font graduellement, de plus en plus d’événements essaient des choses devenant ainsi des sources d’inspiration pour d’autres et documentant aussi ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Il est cependant important de retenir que chaque événement étant unique, la mise en place de vaisselle réemployable doit se faire au cas par cas en prenant en compte la localisation, le public, la jauge, les menus proposés et les spécificités de l’événement.
NDLR : Nous aimerions attirer l’attention sur le fait que certains événements de par leur emplacement et site se prêtent plus facilement à la mise en place de vaisselle réemployable que d’autres. Il faut prendre en compte le type d’événement dans son contexte et tous les aspects économiques et organisationnels comme l’explique Mathieu Bogaerts de Brussels Major Events : “Il est aujourd’hui plus simple de mettre en place de la vaisselle réemployable sur un événement en site propre comme un festival fermé avec des bénévoles par exemple que lors d’une manifestation publique prenant place au cœur d’un centre urbain. Que ce soit en termes de restaurateurs (nombre fixe), de gestion des quantités de contenants ou de récupération de ceux-ci par exemple.”
Quelques exemples :
En Wallonie, le festival l’Amour en vers, déjà fortement impliqué dans une démarche durable, sert tous les repas du festival dans des contenants lavables durs et fonctionne avec un système de lavage en interne grâce à l’aide de bénévoles.
Le festival LaSemo fonctionne avec de la vaisselle réemployable depuis 2021. Accueillant près de 30 000 festivaliers, le festival situé dans le parc d’Enghien loue l’ensemble des contenants auprès d’un fournisseur extérieur qui se charge aussi du nettoyage de ceux-ci. Ce changement à permis au festival de générer 2,8 fois moins de déchets organiques, sachant qu’il fonctionnait uniquement avec de la vaisselle compostable (jetée dans la fraction organique) avant 2021.
A Bruxelles, un test financé par Bruxelles Environnement suite à un appel à projet “climat” a permis au BME de mettre en place de la vaisselle réemployable pour la première fois sur le site de Plaisirs d’Hiver lors de son édition 2023. Ce premier test a fonctionné avec 12 commerçants sur la place De Brouckère avec l’intention d’élargir celui-ci à 35 commerçants en 2024. La question épineuse qui doit encore être solutionnée pour BME est le coût humain qu’implique d’avoir du personnel de gardiennage pour les cautions et du personnel pour la récupération des contenants. Ils travaillent d’ailleurs avec leur fournisseur sur la mise en place de machines automatisées pour la récupération des contenants qui seraient affublés d’une puce RFID.
En Flandre, le Paradise City Festival (près de 30 000 festivaliers en 2022) a mis de la vaisselle réemployable en place sur l’ensemble du site en 2022. Les 6800 contenants en polypropylène ont permis une baisse de 275kg de déchets résiduels³ par rapport aux années précédentes.
Le Marché de Noël d’Anvers fonctionne aussi avec de la vaisselle réemployable en polypropylène depuis 2023. Les organisateurs ont pris le parti d’imposer ce mode de fonctionnement à l’ensemble des foodtrucks/restaurateurs présents sur le site. Le grand changement pour l’année prochaine “sera de fonctionner avec un point de collecte central pour récupérer la vaisselle. Ils se sont rendu compte que le fait de ramener les contenants auprès de chaque stand compliquait les choses et posait des questions d’un point de vue hygiène” explique Christophe Lampertz de Re-uz.
En France, les exemples aussi se multiplient (notamment depuis l’introduction de la nouvelle loi du 1er Janvier 2023⁴) : Le festival WE LOVE GREEN a décidé de faire un test avec 10 restaurateurs en attendant d’étendre le concept de leurs “menus 100% végé dans des contenants 100%” réemployables à l’ensemble des restaurateurs du festival l’année prochaine.
Autre exemple avec une jauge plus réduite : le festival des Pluies de Juillet n’a pas attendu l’entrée en vigueur de la loi française pour mettre en place un système avec de la vaisselle traditionnelle et impliquer directement les festivaliers pour le lavage. Ainsi, chacun fait sa vaisselle permettant une réutilisation des contenants et une sensibilisation du public.
En Suisse, le Paléo festival (300 000 festivaliers en 6 jours en 2022) est passé entièrement à la vaisselle réemployable en 2022. En matière de staff, cela implique 300 personnes dédiées au ramassage, lavage et remise en circulation des gobelets et éléments de vaisselle réemployable pour le plus grand festival de Suisse. Depuis 2022, c’est la location de la vaisselle réemployable qui a été privilégiée en attendant de tirer les conclusions de cette expérience à grande échelle. Le site Blick a d’ailleurs réalisé une petite vidéo sur les coulisses de la vaisselle au Paléo.
Concrètement :
La mise en place de vaisselle réemployable (traditionnelle ou en plastique dur) demande de bien réfléchir en amont et de répondre à quelques questions⁵.
De quoi a-t-on besoin ?
C’est la première étape de la mise en place de vaisselle réemployable sur votre événement. En fonction de la jauge de ce dernier, du type de nourriture servie et de la manière dont vous fonctionnez (prestataires extérieurs pour l’alimentation ou gestion interne), il est important d’évaluer les quantités de vaisselle dont vous avez besoin et aussi ce dont vous n’avez pas besoin.
À partir de là, se pose la question du type de vaisselle utilisée :
Que ce soit pour un catering artiste ou pour l’espace équipe/bénévole, ou même sur un événement de taille réduite⁶, vous pouvez plus facilement récupérer de la vaisselle traditionnelle en seconde main ou via des dons afin de l’utiliser lors de votre événement. Après, il faut envisager la question du lavage que nous aborderons plus bas.
Si pour des raisons de jauge, de quantité ou de sécurité, la vaisselle traditionnelle ne semble pas être une option viable, la vaisselle réemployable en plastique dur est la meilleure solution.
Acheter de la vaisselle ou louer ?
Il devient véritablement intéressant d’acheter votre propre vaisselle (traditionnelle ou en plastique dur⁷) à partir du moment où vous en avez une utilisation régulière⁸. Si vous organisez un événement par an, il est préférable de la louer car l’achat implique aussi de gérer le stockage. Il est aussi important de privilégier la vaisselle non floquée car elle permet d’être réemployée lors de différents événements. Une bonne piste peut aussi être de co-financer un achat de vaisselle avec d’autres événements afin que celle-ci tourne un maximum en fonction des besoins de chacun, la rendant ainsi plus durable et demandant un investissement moindre.
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises proposent aussi la location de vaisselle traditionnelle et/ou en plastique dur (Polypropylène). Si l’offre pour la vaisselle en plastique dur en Belgique concerne encore principalement les gobelets, elle se développe peu à peu et de nouveaux partenaires potentiels voient le jour. De nombreux professionnels de l’HORECA et de l’événementiel proposent déjà, et depuis longtemps, de la vaisselle traditionnelle en location. Si le prix de ces dernières est souvent abordable, il faut faire attention aux cautions qui peuvent, à l’inverse, être chères.
Et le lavage dans tout ça ?
Si un événement de taille plus réduite peut plus facilement gérer le nettoyage de sa vaisselle, plus les jauges augmentent, plus il devient logistiquement compliqué de gérer sa vaisselle en interne. C’est pourquoi aujourd’hui, les fournisseurs de vaisselle proposent souvent de se charger du nettoyage de la vaisselle moyennant une compensation financière. Voici différents scénarios possibles :
Vous possédez votre propre vaisselle (traditionnelle ou en polypropylène) :
Vous avez une jauge relativement réduite et elle est entièrement gérée par des bénévoles ou par les festivaliers (chacun nettoie son assiette comme aux Pluies de Juillet par exemple). L’avantage est que cela demande une équipe réduite de bénévoles, quelques stands de vaisselle et une signalétique adaptée.
Vous avez une jauge significative et décidez de gérer votre vaisselle en interne. Il vous faudra donc une équipe de bénévoles conséquente (exemple des 300 bénévoles dédiés uniquement à ce poste au Paléo Festival) et une véritable installation professionnelle de lavage (tunnels dédiés et tournantes d’équipes 24h/24).
Vous avez une jauge significative et décidez de déléguer le nettoyage de votre vaisselle vers des partenaires spécialisés. Vous devez avoir une équipe pour le ramassage, le comptage mais aussi prévoir suffisamment de quantités pour être certains de ne pas manquer de contenants pour tenir jusqu’à la fin de votre événement.
Vous louez la vaisselle (traditionnelle ou en polypropylène) auprès d’un fournisseur :
Celui-ci peut se charger du nettoyage de la vaisselle en échange d’une participation financière (pour la vaisselle en polypropylène il faut compter environ 10 centimes par contenant à nettoyer). Il faut alors prévoir des espaces de stockage sécurisés pour les caisses pleines de vaisselle propre et de vaisselle sale.
Vous pouvez vous charger vous même du nettoyage et cela implique de mettre en place une logistique adaptée avec des lave-vaisselles sur site et des bénévoles comme expliqué ci-dessus.
Un système de caution
La vaisselle réemployable coûte cher (aussi bien à l’achat qu’à la location) et le système qui semble faire l’unanimité pour éviter d’en perdre est la mise en place de caution. Ainsi, le Paradise City Festival notait dans son rapport de l’édition 2022 une perte de 0,9% des contenants sur l’ensemble du festival. Le système en tant que tel n’est pas compliqué à mettre en place :
Distribution de contenants aux restaurateurs/foodtrucks
Ajout du montant de la caution lors du paiement du plat (2€ par exemple)
Récupération des contenants à un endroit spécifique et retour de la caution au festivalier
Remboursement par les restaurateurs/foodtrucks de la caution aux organisateurs en fonction du nombre de contenants distribués
Ce dernier demande cependant une bonne organisation et surtout une bonne communication avec l’ensemble des parties prenantes. C’est pourquoi il peut être intéressant d’inclure ce processus au sein des contrats et/ou d’une charte spécifique dédiée aux restaurateurs/foodtrucks en amont de l’événement.
Un exemple type de mise en place
Le Festival A, qui accueille 10 000 festivaliers par jour et une trentaine de foodtrucks/restaurateurs sur site, fonctionne avec de la vaisselle réemployable en polypropylène louée auprès d’un fournisseur. Chaque contenant coûte 15 centimes à la location auquel il faut rajouter 10 centimes de lavage. Le Festival A a mis sur pied une charte qui impose l’utilisation de ces contenants réemployables aux foodtrucks/restaurateurs présents lors de l’événement. Chaque foodtruck est contacté individuellement pour lui expliquer la marche à suivre et le sensibiliser aux effets positifs de ce dispositif. Ils ont aussi l’obligation de fournir (au besoin) des couverts compostables qui peuvent être jetés dans des composts⁹. Sur site, les foodtrucks se procurent des contenants auprès de l’organisation pour servir leurs plats au festivaliers. Les festivaliers s’acquittent du prix du plat ainsi que d’une caution de 2€ par contenant. Cette caution sera récupérée par le festivalier lorsqu’il ramènera son contenant vide au stand prévu à cet effet après avoir mangé. A la fin du festival les différents foodtrucks rembourseront les cautions perçues à l’organisation du festival pour chaque contenant distribué aux festivaliers. L’ensemble des contenants sales sont stockés dans un espace sécurisé, comptabilisés, puis renvoyés au fournisseur qui se charge (dans ce cas-ci) du nettoyage de ces derniers. Le Festival A fonctionne avec plusieurs tournantes de deux bénévoles pour assurer la récupération des contenants dans les deux stands prévus à cet effet et la distribution de contenants auprès des restaurateurs qui en auraient besoin. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres et peut évidemment être adapté en fonction des besoins de chaque organisateur, de la taille de son événement et des différents prestataires et/ou fournisseurs étant parties prenantes.
Les conseils des pros – entretiens avec Christophe Lampertz de Re-Uz et Mathieu Bogaerts de BME
Christophe Lampertz, de l’entreprise Re-Uz, a quelques conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans les gobelets ou la vaisselle réemployable : “Déjà, il faut s’y prendre à l’avance et surtout prendre le temps de le faire pour bien le faire. Les gens pensent souvent que c’est très simple à mettre en place mais il y a toute une logistique à prendre en considération. Il faut qu’ils contactent des spécialistes et qu’ils écoutent les conseils. Un exemple tout bête que je donne souvent c’est d’afficher les prix caution comprise. Cela facilite la vie des bénévoles et/ou restaurateurs qui servent la nourriture et les boissons. Un autre conseil pratique est de faire payer la caution à absolument tout le monde, c’est-à-dire le staff aussi. On se rend compte, suite à des essais avec des contenants de couleurs différentes pour les festivaliers et les bénévoles, que c’est lorsqu’il n’y a pas de caution qu’on dénombre des pertes de contenants. S’il n’y a pas de caution les gens ne respectent malheureusement pas le matériel.”
Pour Mathieu Bogaerts de BME : “Pour les gobelets, il faut arrêter d’avoir peur et de croire que c’est vraiment compliqué, si on trouve le bon partenaire ca roule tout seul. Pour ce qui est de la vaisselle réemployable on est encore en phase de test et il y a en effet plus d’implications mais de toute façon, tout ce que je peux conseiller aux gens et organisateurs c’est d’anticiper : soyez prêts parce que de toute façon ça va arriver.”
¹ Malgré la législation en place, certaines exceptions ont été accordées par les différents gouvernements belges concernant les gobelets réemployables, notamment pour ce qui est de “terminer les stocks de gobelets jetables encore existants”. Vous pourriez donc encore tomber sur des gobelets jetables lors de certains événements en 2023… De plus, comme le déplore Mathieu Bogaerts de BME : “Il n’y a absolument aucun contrôle de la part des autorités, il commence heureusement à avoir des attentes de la part du public ceci dit.” ² Un exemple : le festival Esperanzah! en 2022 broyait les cartons/papiers et la vaisselle biodégradable sous forme de copeaux pour les réutiliser dans les toilettes sèches. ³ Soit l’équivalent de 740kg de CO2 ⁴ « La vaisselle jetable est interdite dans les établissements de restauration rapide servant plus de 20 couverts simultanément, pour tout ce qui est consommé sur place : les repas sont désormais servis dans de la vaisselle lavable et réemployable » ⁵ Le Collectif des Festivals (France) à d’ailleurs développé un flowchart en 2017 très intéressant et facile pour bien choisir la vaisselle adaptée à son festival. ⁶ Ce qui est mis en place au festival “C’est pas d’la carotte” à Huy ou aux “Pluies de Juillet” en France par exemple. ⁷ Les contenants en plastique dur dédiés à la vente sont fabriqués en ABS et non en Polypropylène pour des raisons d’étanchéité des couvercles. ⁸ Par exemple, les gobelets doivent être utilisés environ 7 fois pour que le bénéfice écologique soit réel. Ils peuvent néanmoins être lavés jusqu’à 150 fois comme l’explique, notamment, cette vidéo du Collectif des Festivals. ⁹ La mise en place de couverts réemployables se heurte à des difficultés logistiques énormes pour les fournisseurs. “Notamment par le fait que ça représenterait des investissements gigantesques en matière de lave-vaisselles industriels qui sont tout à fait différents de ceux qu’on a déjà et pour lesquels on ne reçoit aucun subside aujourd’hui” explique Christophe Lampertz de Re-Uz.
Mardi 27 août 2025, nous avons eu l’opportunité de visiter le tout nouveau Pôle de mutualisation de matériel et de scénographie à Manage. Un lieu unique en Belgique francophone, pensé comme un véritable laboratoire de mutualisation collaborative où se croisent stockage circulaire, construction et formation, au service d’une culture plus durable.
Fruit d’un travail collectif entre les acteurs des arts de la scène de la Fédération Wallonie Bruxelles : institutions culturelles, Compagnies artistes et artisan·e·s et le Théâtre National, ce Pôle incarne une ambition forte : transformer nos manières de produire et partager les éléments de décors, tout en ouvrant des perspectives concrètes de ressources et services pour les compagnies, petites ou grandes.
1. Trois pôles au service de la durabilité
Le centre s’articule autour de trois grands pôles :
La formation : sécurité sur les plateaux, techniques de construction et de décoration, soudure, durabilté… Les formations sont pensées pour répondre à des besoins exprimés par les partenaires, mais aussi pour s’ancrer dans des projets concrets. L’objectif est de relier apprentissage et pratique, en rendant l’atelier utile aussi bien pour les institutions que pour les futur·es technicien·nes.
La construction et la scénographie : sur place, quatre constructeurs et un responsable d’atelier accompagnent les partenaires. La logique n’est pas de “prêter un atelier”, mais d’accompagner les équipes dans des scénographies plus durables : réutiliser des matériaux, imaginer la suite de vie d’un décor, concevoir avec sobriété. Comment construire aujourd’hui pour que les éléments réalisés soient demain plus attractivement réutilisé
La recherche et l’expérimentation : grâce à un vaste plateau équipé (accroches, lumières, espaces de finition), les partenaires peuvent tester, prototyper et co-construire. C’est un terrain d’exploration, où l’on pense déjà à “l’après” plutôt qu’au “jetable”.
2. Stocker, partager, réinventer
Avec ses 2000 m² de stockage, le Pôle propose une organisation pensée pour optimiser le temps et les ressources :
en bas, les éléments qui circulent le plus,
au milieu, ceux qui dorment mais restent utiles,
en haut, les décors à mutualiser.
Les compagnies partenaires disposent d’espaces privatifs (55 €/m²/an), 70% de la somme investie dans un espace privatif donne accès à un droit de déduction sur la main d’oeuvre, mais surtout d’une base de données – bientôt partagée – où chaque décor sera répertorié et photographié.
Ici, rien n’est conçu pour dormir éternellement : l’objectif est de favoriser les échanges, d’alléger la manutention et de prolonger la vie des réalisations.
Une grande partie de la surface de stockage dont la mezzanine et d’autres espaces abritent de très nombreux éléments disponibles gratuitement pour les partenaires: accessoires, mobiliers, cadres, structures…
C’est un axe fort dans l’éco-conception : recomposer des scénographies à partir d’éléments sortis d’exploitation. Ce don n’est pas un simple service, mais une invitation à imaginer différemment : penser la circularité des matériaux, adapter ses projets à ce qui existe déjà, transformer les contraintes en leviers créatifs.
3. Prêt de matériel et mutualisation des ressources
Au-delà du stockage, le centre met à disposition un catalogue de matériel scénique : praticables, gradins, structures, systèmes techniques… Certains proviennent directement des apports de partenaires comme Les Halles de Schaerbeek. Le principe est simple : les partenaires bénéficient de tarifs très réduits, couvrant uniquement la manutention et l’entretien.
4. Un modèle collectif et évolutif
Aujourd’hui, le centre rassemble déjà une vingtaine de partenaires : Mons Arts de la Scène, Central, Mars, Les Tanneurs… , et aussi des Compagnies : La Clinic orgasme, Still Life, Zoo Théâtre, Artara, Pan la Cie, Rien de spécial…
Chaque structure contribue financièrement selon ses moyens, mais surtout s’engage à développer le projet collectivement. Deux représentants par partenaire siègent au conseil de gestion, garantissant une gouvernance partagée au service du plus grand nombre.
Le Théâtre National reste un acteur majeur – il consacre 400 000 € par an au fonctionnement de l’atelier – mais l’ambition est claire : faire grandir l’implication des partenaires, pour que ce modèle ne dépende pas d’un seul acteur, mais d’une véritable communauté.
5. Imaginer le futur de la scénographie
Notre visite nous a montré un lieu encore en construction, mais déjà porteur d’une vision :
rendre les formations plus accessibles et qualifiantes,
créer des passerelles entre grandes institutions et petites compagnies,
offrir un espace de stockage et de mutualisation adapté aux besoins réels,
et surtout, accompagner une transition indispensable : concevoir des scénographies en pensant à leur réemploi.
Comme l’a résumé un des responsables : « Le but n’est pas de privatiser cet espace, mais de susciter l’envie de travailler autrement, ensemble. »
Et maintenant ?
La suite se joue à plusieurs niveaux : enrichir la base de données partagée, organiser des tables rondes, développer de nouvelles formations et surtout sensibiliser artistes et scénographes à l’éco-conception.
Le Pôle de Manage n’est pas seulement un atelier ou un entrepôt : c’est un pas concret vers une autre manière de collaborer, créer, produire et transmettre dans le secteur culturel.
Comment EventChange a contribué à l’adaptation du label pour un secteur culturel durable ?
Encourager la labellisation au secteur culturel, et plus précisément, en adaptant au mieux les critères à la réalité de terrain des théâtres, des salles de concerts, des salles de spectacle de danse, des centres culturels ou de tout autre lieu contenant une salle de spectacle vivant, est une évolution majeure pour le secteur. Le label Entreprise Ecodynamique envoie un message fort de prise en considération de leurs spécificités.
Un projet en cohérence avec la mission d’EventChange
Chez EventChange, nous outillons et accompagnons le secteur culturel et événementiel dans sa transition vers un modèle plus durable et solidaire. Le projet d’adaptation du Label Entreprise Ecodynamique de Bruxelles Environnement pour les salles de spectacle s’est inscrit dans cette logique, constituant un outil de formation et d’accompagnement permettant aux institutions culturelles d’engager une démarche environnementale structurée.
Une adaptation concrète basée sur la réalité de terrain
Pour mener à bien ce projet, nous nous sommes appuyés sur une approche collaborative impliquant directement les professionnel·les du secteur culturel afin que le référentiel réponde réellement à leurs besoins.
Sur base d’un premier travail de recherche bibliographique réalisé par 21 Solutions, nous avons ensuite adapté le catalogue de bonnes pratiques aux spécificités des salles et au contexte du secteur culturel, illustré par 2 exemples :
Le manque de temps, de ressources humaines et parfois aussi de formation en durabilité du secteur, nous a poussé à optimiser le processus d’encodage et à enrichir le contenu d’outils pratiques tels que des check-list et des guides.
L’intégration des aspects techniques de “Mutualisation” et d’“Écoconception” des costumes, des décors, de la scénographie constitue une modification majeure pour répondre aux enjeux des salles.
Pour valider ce référentiel, une séance d’intelligence collective a été organisée avec des représentant·es de salles de spectacle (Charleroi Danse, Théâtre Atelier 210, Théâtre National, Théâtre La montagne magique, Opéra La Monnaie, Théâtre Marni, Théâtre Les Tanneurs, Les brigittines et Samen Durable), afin d’affiner certaines pratiques et d’en évaluer la faisabilité. Cet exercice, très enrichissant, a notamment soulevé la question des bâtiments n’appartenant souvent pas aux structures. En conséquence, cela conditionne grandement toute une série d’actions sur les consommations énergétiques, d’eau et d’électricité.
En adoptant les bonnes pratiques du label adaptées au secteur de la culture et en assurant un suivi régulier, ces structures pourront renforcer leur engagement et valoriser publiquement leurs efforts.
Une dynamique à étendre à d’autres types de structures
EventChange soutient ces initiatives d’appropriation et d’adaptation des pratiques au secteur culturel, tel que le Label Entreprise Ecodynamique l’a fait. Dans la continuité de cette démarche, ce premier pas vers le secteur ouvre des nouvelles perspectives : l’adaptation aux musées et à leur spécificité, mais aussi aux événements culturels en extérieur qui répondent encore à d’autres conditions.
Prêt·e à embarquer votre organisation dans une démarche plus durable avec le label Entreprise Ecodynamique ? Découvrez le référentiel culture ou contactez-nous pour plus d’informations.